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Espenel après la guerre

Les maisons du vieux village encore debout

Texte extrait des écrits de Mme Suzanne Bompart (1930-2015) et Mr André BRUN (19.. - 2010), mis à jour en 2020.

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Espenel, comme bien d'autres villages moyenâgeux fortifiés, a été construit sur la colline la plus centrale de la commune, en raison sans doute de sa position stratégique protégée, de la vue magnifique et parfaite sur la vallée de la Drôme et sur le grand chemin. Hormis cinq ou six maisons, dont l'école-Mairie construites en dehors de l'enceinte, le village est resté à l’intérieur de ses remparts jusqu'en 1944.

 

On accédait à l'intérieur, par quatre portes sous voûtes qui s'ouvraient sur un réseau pittoresque de ruelles resserrées, de "viols" étroits, de placettes aux murs couverts de Pariétaire. Le four, les deux fontaines publiques, l'école et le temple constituaient les aménagements principaux de la commune. L'entretien de ces édifices et les fréquentes réparations des ponts et des chemins induits par les éboulements torrentiels de la Drôme et des ruisseaux formaient la principale préoccupation des notables si l'on se réfère aux relations consulaires.

Au début du XXème siècle, une quarantaine de propriétaires faisait des déclarations de récoltes (vin rouge ou blanc, cocons, etc...). Les plus petits exploitants (les plus nombreux) étaient aussi journaliers agricoles, au gré des saisons (foin, lavande, noix, bois, etc...). Les derniers artisans ont disparu avant 1914. Les habitants avaient en commun l'héritage d'un passé riche et passionnant. La vie quotidienne se déroulait dans l'harmonie, l'amitié et la solidarité.

Espenel, ce beau village, qui fut au cours des siècles, le gardien de la vallée, avec Pontaix, a connu le 21 Juillet 1944 des événements tragiques, liés au soutien général de la population pour la résistance. Depuis plusieurs mois, Espenel était habitué à vivre avec son maquis, de nombreux jeunes gens, réfractaires au S.T.O., étaient également cachés chez les habitants. Les mêmes sentiments unissaient tout le monde : inquiétude mais aussi confiance et espoir.

Ce soir-là, la colonne allemande remonte de Crest vers Die et le Vercors par la départementale 93. Accrochée au pont des Grands Chêneaux, entre Aouste et Blacons, elle est encore sur la défensive quand elle arrive par les deux rives de la Drôme chez nos amis de Saillans. Elle fouille toutes les rues puis se dirige vers le détroit, où les résistants, placés sur les rochers de la rive droite et à la sortie du tunnel sur la rive gauche, déclenchent le tir avec des armes automatiques. Les Allemands ripostent, appuyés par leur matériel et leurs petits avions de reconnaissance. Ils incendient les fermes et les cabanons au fur et à mesure qu'ils progressent, tuant ceux qui tentent de fuir. Les Résistants se replient souvent dans des conditions périlleuses lorsque l'encerclement devient inévitable. Après plusieurs heures de lutte inégale, ils entrent dans le village.

Aussitôt, dans le bruit des grenades et des fusils, s'allument les incendies. En quelques heures, la moitié des maisons est en feu. En fin d'après-midi, un immense nuage de fumée plane sur la vallée. Un détachement de soldats allemands, resté sur place, achèvera au cours des jours suivants, de piller et de détruire ce qui n'a pas brûlé le premier jour. La rapidité des événements est telle, que les habitants quittent leurs maisons au dernier moment, emportant avec eux de menus objets et la dernière vision de leur village encore debout. Les femmes, les enfants et les personnes âgées se réfugient dans les cabanons de Barbou, des Prés, des Peyrouses, à proximité des bois et de la montagne. La nuit venue et les nuits suivantes, quelques hommes volontaires et courageux, s'approchent des ruines fumantes, en évitant les sentinelles Allemandes et viennent secourir les blessés.

En hommage à ces jours d’horreur qu’ont subit le village et ses Espenelois, un mémorial a été construit sur le territoire de la commune près de la RD93 et inauguré en 1999.

"Une enfant dans les flammes", retrouvez ICI, la vidéo du témoignage d'Huguette Bautin qui raconte le passage des soldats allemands sur le village en juillet 1944, elle avait dix ans lors des événements.

Diaporama des photos anciennes du village

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Diaporama des photos de la reconstruction du pont d'Espenel. Le 23 juin 1940, les habitants avaient volontairement détruit leur pont pour ralentir l'avancée des troupes allemandes.

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